Récemment titrée à Pontevedra avec son premier titre de championne du monde LD ITU dans sa catégorie, Catherine Houseaux était du côté de Port Elizabeth le 7 avril dernier pour tenter de décrocher sa 7e qualification pour Hawaii ! Défi plus qu’assuré puisque notre championne décroche la première place dans sa catégorie avec un chrono de 10h29’55 ! Catherine revient sur sa course et le prochain défi qui l’attend !
Peux tu nous refaire vivre ta course en Afrique du Sud de l’intérieur ?
Revenue de Pontevedra avec mon premier titre de championne du monde LD ITU en groupe d’âge, je vais essayer de continuer comme cela cette saison ! Je reviens enfin sur ma course en Afrique du Sud. J’ai abordé cet Ironman déterminée mais un peu dans le doute par rapport à l’apport énergétique pendant la course. C’était ma troisième participation à cet Ironman que j’apprécie beaucoup : Un paysage magnifique sauvage, une organisation au top , un public et bénévoles dans une ambiance de folie ! Je suis arrivée le mardi précédant la course pour pouvoir récupérer du voyage et de la nuit blanche passée dans l’avion.
Au moment de partir pour une boucle de reconnaissance vélo (le parcours se faisant en sens inverse cette année et avec donc sensations et tactiques différentes) le mercredi, impossible de mettre mon casque ! En effet celui-ci a été nettement écrasé pendant le transport ! Après lui avoir redonné une forme convenable (mais bonjour la sécurité en cas de chute !) me voilà partie en compagnie de mes deux amis, le casque devenant un étau au fur et à mesure des km ! Pas de Casco au village Ironman, j’ai donc opté pour un casque beaucoup plus profilé, ce qui n’a pas été négligeable vu le vent qui souffle régulièrement autour de Port Elizabeth, et particulièrement cette année.
Mes roues avec jantes de 50 mm apparaissent correctes par rapport au vent annoncé ! De toute façon, le choix est vite fait car ce sont mes seules roues de course. Mais un problème que ni moi ni un mécanicien cycle ne pourra identifier me donne de gros à-coups au freinage et ne me rassure pas. De toute façon, il n’y a presque pas besoin de freiner sur ce parcours ! Je découvrirai après la course que le carbone de ma jante avant était nettement enfoncé. Encore beaucoup de délicatesse de la part des transporteurs !!!!
Race Day !
Le jour de la course arrive…..Je dois gagner ma catégorie pour me qualifier pour Hawaï ! Je me place vers l’avant de mon sas. Il faut passer les deux, trois premières vagues sans se faire assommer par celles-ci. Cela se passe plutôt bien, dans un océan à 19 degrés, mais très agité ! Je parviens à ne pas boire trop de tasses mais je suis surprise par des ombres soudaines qui sont en fait les vagues. Une bonne surprise m’attends lorsque, après quelques centaines de mètres, on prend la direction du retour ! Je n’avais pas entendu que le parcours avait été réduit de moitié à cause de l’océan déchainé.
Je sors de l’eau confiante, une petite erreur pour récupérer mon sac, et c’est parti pour 180 km, deux boucles. Rapidement, je m’aperçois que je perds ma guidoline à gauche. J’essaie de la remettre, cela va m’occuper un bout de temps ! Position aéro la plupart du temps malgré les 1 600 m de dénivelé, je profite de ce paysage magnifique, unique ! Je sais que le vent va monter régulièrement. Il faut gérer le premier tour mais je me sens bien et j’en profite pour appuyer. Changement de tactique alimentaire lorsque je m’aperçoit que j’ai loupé le sac ravito perso au début du deuxième tour. Je prendrai donc une portion de barre (amandes et fruits secs sont les seuls aliments que j’arrive à avaler au fur et à mesure des années !) toutes les 30 mn en essayant de prendre un morceau de banane au ravito 2 (mais l’arrêt est obligatoire !).
Début du deuxième tour, beaucoup moins de monde, le vent de face du retour en a épuisé plus d’un ! Avec ce vent, l’océan est encore plus beau mais je dois bien tenir mon guidon pour résister au vent de coté. Quelques débuts de crampes, je me mets en danseuse pour ne pas revivre la même chose que à Hawaii quelques mois auparavant ! Les trente derniers km sont face au vent avec du faux plat montant. Habituée au vent, je maîtrise plutôt bien cette partie et me retrouve vraiment seule. Je parviens même à baisser volontairement l’intensité de l’effort pour aborder la course à pied dans de bonnes conditions. La moyenne aura baissé de 3 km/h en 30 km mais je reste satisfaite.
Une course à pied « dans le dur »
Après une transition moyenne, je repars à bonne moyenne avant que ma montre ne s’arrête ! Mais après 7 ou 8 km face au vent, ce que je craignais commence à se produire ! Maux de ventre, nausées, épuisement et crampes ! Coca, sels minéraux, banane, gels maurten, sportenine… rien n’y fait. J’alternerai course et marche jusqu’à la fin de ce marathon interminable avant de rendre tout ce que j’ai avalé au cours du marathon 30 mn après l’arrivée ! L’apport énergétique est de plus en plus difficile et délicat après presque trente ans de triathlon. Même si je pense ne pas m’être hydratée suffisamment au cours du vélo, je ne supporte plus le sucre, ni même le goût du sucre qui me donne de gros maux de ventre…..Si quelqu’un a une solution, je suis preneuse ! Problème qu’il va falloir résoudre pour ma septième qualification aux championnats du monde à Hawaii !
Tu seras de nouveau au départ d’Hawaii cette année. Dans quelle optique y vas-tu ? Plaisir, performance, les 2 ?
Je vais pouvoir retourner « à la maison » ! En espérant vivement que cela se passe mieux que lors des deux dernières fois (épuisement, crampes). Je sais que je peux……mais un Ironman reste un Ironman et particulièrement à Hawaii où beaucoup de « choses » peuvent se passer ! Et surtout là-bas je ne pense pas qu’il puisse y avoir performance sans un minimum de plaisir !