RECIT DE SEBASTIEN RODRIGUEZ A L’IRONMAN D’HAWAI…

Le 10 octobre dernier, j’étais au départ du mythique Ironman d’Hawaï, pour la deuxième année consécutive, avec une envie débordante de corriger mes erreurs de l’an passé.

Me voilà donc à KONA, quel bonheur de pouvoir nager au Pier, son eau chaude, ses poissons multicolores, ses raies manta et même ses dauphins qui viennent jouer au milieu des nageurs! Quel plaisir de rouler sur la fameuse Queen K, croiser les Van Lierde, Kienle, Frodeno, Ryf, Carfrae … Quel plaisir de courir ses derniers footings dans Energy Lab, ce lieu tellement chargé d’histoire. Quel plaisir enfin de pouvoir partager ses moments avec Candice, elle le mérite aussi après tous ces mois à supporter ma préparation ;-)!

Malheureusement, à Hawaï, le paradis peut vite devenir un véritable enfer, aussi vite que le vent peut s’y lever…

La journée n’avait pourtant pas si mal commencé. Une natation un peu chaotique, à essayer de trouver sa place au milieu de la machine à laver… Ils sont bien loin les poissons multicolores et les dauphins! Je sors quand même à peu près dans mes temps, même si j’aurais certainement pu, du même, gratter une petite minute. A vélo, mon plan était simple, ne pas reproduire mon erreur de l’an dernier, ne pas m’enflammer, faire un vélo intelligent. Et ça se passe encore plutôt bien, plutôt très bien même. Jusqu’au 140ème kilomètre, je remonte petit à petit des places, et surtout j’ai le sentiment d’avoir encore énormement de fraîcheur. C’est à ce moment-là que le vent décida de se lever, pour nous accompagner pleine face, faisant de mon paradis une longue descente en enfer… Le constat est simple, je ne suis pas armé pour lutter avec les gros rouleurs, je subis complètement les rafales, je passe beaucoup d’énergie à tenir mon vélo. Je commence à reperdre quelquesplaces, mais surtout, je perds beaucoup d’énergie. Au moment de poser le vélo, une petite satisfaction tout de même, je passe de justesse sous les 5h ;-).

Plus qu’un marathon! Enfin encore un marathon plutôt vu mon état au moment de commencer à courir… Pourtant j’essaie encore d’y croire, ca va bien revenir… L’illusion va durer une petite dizaine de kilomètres, et puis… et puis plus rien. Mes jambes m’ont lâché, pire encore, quelques kilomètres plus loin, en remontant sur la Queen K, la tête me lâche à son tour. C’est maintenant clair, je ne me « bats » plus que pour terminer, oubliéstous mes espoirs de performance. Sur le retour, je suis bien aidé par les encouragements de Jean Jacques du Triathl’Aix, venu en vacancier (à réfléchir pour les prochaines fois :-)). Arrive enfin KONA, un dernier tour dans la ville et cette dernière ligne droite que j’aurais tellement aimé voir une bonne heure plus tôt…

Un mélange de tristesse et de joie pour en finir, tristesse d’avoir échoué, tristesse d’imaginer que ce sont peut être mes toutes dernières foulées ici… J’aurais presque aimé que ces derniers mètres soient un peu plus longs. Et de la joie malgré tout, de terminer mon troisième Ironman cette saison, de terminer mon deuxième KONA, beaucoup aimeraient être à ma place, alors savourons quand même un peu. La joie surtout de retrouver Candice sur la ligne d’arrivée, on va pouvoir avoir de vraies vacances maintenant!

Pour faire le bilan de ma course, je suis évidemment déçu du résultat, il n’est pas à la hauteur de mon investissement, pas à la hauteur de mon niveau de forme au départ de la course. Pour autant, je n’ai pas de regret, je ne vois pas comment j’aurais pu faire autrement aujourd’hui. Je n’ai pas commis d’erreur à vélo, pas parti trop vite à pied, pas de problème d’alimentation… ce n’était simplement pas mon jour. A froid, je pense que les raisons de cette contre performance se trouvent d’abord dans mes capacités à performer sur cette course. Je ne suis simplement pas taillé pour lutter sur ces longues routes rectilignes, roulantes et surtout ventées! Je ne suis pas certain d’être capable de réussir un jour à Hawaï tout simplement, mais il y a bien d’autres belles courses… Ensuite, je n’oublie pas non plus que c’était mon troisième Ironman cette année. Je ne me sentais pas particulièrement éprouvé physiquement, ni pendant la préparation, ni au départ de la course, mais je l’étais sûrement un peu plus mentalement. Ma non-capacité à me faire violence, à me battre lorsque la course est devenue dure est certainement un indicateur.

Pour finir, comment ne pas consacrer quelques lignes pour remercier tous ceux qui m’ont apporté leur aide cette année, pour cette course en particulier. Niveau matériel déjà, je pense que je n’aurais pas pu être mieux équipé, un grand merci à EKOI, Cycling Ceramic, Zone3, Garmin… Mention spéciale à Revo Race wheel et Sural qui m’ont équipé de roues et trifonction spécialement designés pour l’évènement! Des remerciements tous particuliers à VEOLIA pour son aide financière, d’autant plus appréciable qu’il ne s’agit pas d’une entreprise directement liée à notre sport. Et bien sûr, le Triathl’Aix, qui m’a soutenu toute la saison, et que je représenterai encore fièrement en 2016, avec une nouvelle fois des Championnats du monde, pas à Hawaï mais en Australie sur 70.3.

Et puisque j’apparais maintenant sur les plaquettes de l’équipe élite du club ;-), je dois beaucoup cette saison au directeur sportif du team François Chabaud, qui m’a entraîné en 2015 pour je pense une très belle saison, même s’il manque la cerise sur le gâteau…

Sébastien Rodriguez